La logistique – dont la fonction est d'assurer « la disponibilité des produits au bon endroit, au bon moment et dans les bonnes quantités » et qui a longtemps été considérée comme une activité business-oriented – s’inscrit depuis quelques années dans l’agenda politique de nombreux pays comme un objet autonome de politiques publiques, au même titre que d’autres activités économiques telles que les activités industrielles ou de services. Cette autonomisation traduit un glissement à travers lequel l’activité logistique acquiert progressivement un statut de domaine économique à part entière, dont le transport de marchandises serait une simple composante. La vision du rôle économique de l’activité logistique ne cesse d’évoluer passant d’un important générateur de coûts, à une activité stratégique au cœur de la compétitivité des entreprises. Cette fonction de compétitivité se traduit d’abord par une volonté croissante de maîtrise des coûts logistiques, évalués à 12% du coût total de production que doivent assumer les entreprises, mais aussi par une reconnaissance de la capacité de cette activité à générer de la valeur ajoutée. En outre, l’activité logistique n’est aujourd’hui plus simplement abordée comme une fonction interne aux entreprises, mais comme une fonction économique majeure des nations. D’abord, les activités logistiques seraient au cœur de la compétitivité des supply chains, ou chaînes logistiques, définies comme « le réseau d'organisations impliquées, par des liens amont et aval, dans les différents processus produisant de la valeur sous la forme de biens et de services à destination d’un client final ». La fonction macroéconomique de l’activité logistique est également associée à l’important réservoir d’emplois qu’elle génère : aujourd’hui, cette activité représente en France environ 1,6 millions d’emplois, soit près de 11% de l’emploi total. Cette prise de conscience n’est pas propre à la France, comme l’attestent les nombreuses initiatives européennes visant à définir un cadre réglementaire et législatif au fonctionnement de l’activité logistique. La Commission Européenne marque le pas en 2007 avec l’adoption d’un plan d’actions visant à encadrer l’activité logistique considérée comme un levier de compétitivité de l’économie européenne, et ce dès l’examen de mi-parcours du Livre Blanc de 2001 sur « La politique européenne des transports à horizon 2010 : l’heure des choix »